Gravures sur CD



A propos des gravures sur disques…

En 1992, j’exposais mes deux premières gravures réalisées sur des disques durs d’ordinateur (des modèles Bull des années 80, à l’époque où on les appelait « mini » et où pourtant, une pièce entière était nécessaire pour les accueillir). Premier essai isolé dont la démarche manquait encore d’analyse, une expérimentation spontanée sur un matériau inhabituel, propre à éveiller la curiosité inventive du graveur, l’obligeant à des pratiques nouvelles sur des supports se dérobant aux techniques traditionnelles.

 Depuis, la démarche est devenue consciente de ses motivations et s’est enrichie de l’usage de matériaux plus récents, tels les CD Rom en 2000.

Cette attirance vers la forme parfaite du cercle est bien sûr en relation avec ma formation mathématique, mais aussi avec une recherche de spiritualité.

Cercle des rotations, du mouvement dynamique, des angles et des astres. Cercle de l’harmonie, de la plénitude ; symbole retrouvé aussi bien chez les Navajos que chez  les Tibétains. Grands cercles du silence et de la méditation.

 Cercle en résonance avec l’arc-en-ciel qui occupa une si grande place dans mes gravures depuis l’introduction de «  l’indalo », cet homme soutenant le ciel face à l’immensité du monde et à sa destinée, issu des lointains préhistoriques où les grottes abritèrent les premières traces humaines.

Continuité donc du geste primordial de la main traçant dans la roche ou la surface lisse du disque les signes essentiels.

Travail de mémoire également, que cet usage des grands disques des ordinateurs Bull sur lesquels mon père accompagna les développements de l’informatique depuis les premières cartes perforées jusqu’à ces mémoires gravées...

Recherche enfin, des liens entre le singulier et le multiple ; l’œuvre de  gravure rendant visible, lisible, et unique ce que le numérique a de virtuel et de reproductible à l’infini.

Revanche du papier, de la beauté d’une feuille d’Arches ou de BFK Rives, des encres grasses, du travail « à la main »…

Synthèse de mes deux  univers, où se rejoignent le nombre et la forme.

Marie-Claude Lespagnol, juin 2007